Résultats du sondage national du
Programme de réconciliation de l’AMC

Conformément au mandat qui lui a été conféré en réponse à l’appel à l’action no 67 de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, le Programme de réconciliation de l’Association des musées canadiens (AMC) a lancé un sondage national préliminaire pour mieux comprendre comment les musées abordent la question de la réconciliation et présentent le patrimoine autochtone au sein de leurs institutions.

Les réponses et les commentaires recueillis serviront de point de départ pour le processus de mobilisation de deux ans qui s’inscrit dans le cadre du programme. Ils fournissent de l’information et une analyse contextuelle concernant les initiatives axées sur la réconciliation et les Autochtones qui sont mises en œuvre partout au pays.

Nous présentons ici les résultats statistiques du sondage. D’après l’AMC, il est particulièrement important de communiquer les données présentées ci-après, qui constitueront le fondement de l’évolution du Programme de réconciliation.

Le sondage visait principalement à en apprendre davantage sur les politiques et les pratiques des musées non autochtones en ce qui a trait aux collections autochtones, aux modes de collaboration entre les musées et les communautés autochtones ainsi qu’aux questions et aux enjeux clés que les musées peuvent avoir concernant la représentation des Autochtones et les relations avec eux.

L’AMC a envoyé le questionnaire de sondage à 1 548 institutions, soit 1 499 institutions non autochtones et 49 institutions s’étant déclarées autochtones. Le sondage avait surtout pour objet d’apprendre comment les institutions non autochtones présentent les collections autochtones. L’AMC présumait que les modes de présentation de ces collections par les musées autochtones sont bien établis et adaptés sur le plan culturel. La liste de diffusion comprenait à la fois des membres et des non-membres de l’AMC. Afin de favoriser une grande participation, l’Association a partagé le sondage et en a fait la promotion dans les médias sociaux et par l’entremise des réseaux de ses partenaires, par exemple via les plateformes des associations de musées provinciales et territoriales.

Le sondage s’est déroulé du 27 novembre 2019 au 10 janvier 2020. Le questionnaire et les communications connexes ont été produits et diffusés dans les deux langues officielles.

Au total, l’AMC a reçu 304 questionnaires renfermant une réponse pour au moins une question, plus précisément de 291 institutions non autochtones et de 13 institutions s’étant déclarées autochtones. Ce taux de réponse relativement faible pourrait être attribuable à plusieurs facteurs, notamment le fait que les institutions qui n’ont adopté aucune politique à l’égard des collections autochtones n’avaient pas été suffisamment incitées à répondre au questionnaire ou que l’AMC n’avait pas bien ciblé son public compte tenu de la vaste diffusion, par exemple dans les médias sociaux. Il est aussi possible que l’AMC doive renforcer le dialogue et les liens sur le sujet à mesure que le programme évoluera et qu’elle en fera la promotion. Quoi qu’il en soit, les réponses fournies par les quelque 300 participants au sondage permettent d’effectuer une bonne analyse du contexte.

L’AMC a formulé les questions du sondage de concert avec son Conseil de la réconciliation, un groupe de spécialistes des cultures autochtones et des pratiques de musées qui donnent une orientation et des conseils aux responsables du Programme de réconciliation de l’Association.

Le sondage comprenait six questions, dont cinq de nature qualitative. Les participants avaient donc une grande marge de manœuvre pour nuancer leurs réponses portant sur des sujets sensibles et controversés. Nous avons examiné environ 1 500 pages de réponses narratives, que nous avons codées et quantifiées manuellement et analysées. Dans la mesure du possible, nous avons codé les données en les classant dans des catégories s’excluant mutuellement; dans les cas où c’était impossible, nous avons regroupé les données en fonction des thèmes récurrents ou des indications figurant dans les questions du sondage.

Profil des répondants

Les réponses ont été recueillies auprès de 304 institutions des dix provinces et du Yukon. Aucune institution des Territoires du Nord-Ouest ni aucune du Nunavut n’a répondu au sondage.

Nous avons demandé aux répondants le type d’institution qui cadre le mieux avec leur mandat. Nous avons reçu des réponses uniques pour plusieurs types d’institutions – centre de conservation, musée pour enfants, parc nature ou de conservation, musée de sciences et de technologie, bailleur de fonds d’un musée et organisme non gouvernemental. Les autres types d’institutions sont présentés par ordre décroissant dans le tableau ci-après.

Nous avons aussi demandé aux répondants d’indiquer la taille de leur effectif.

Résultats du sondage

Question no 1 : Pour quelles activités votre institution collabore-t-elle avec les communautés ou entités autochtones? 

Nous avons demandé aux répondants d’indiquer tous les champs d’activité dans lesquels leur institution collabore avec des communautés ou entités autochtones. Pour les besoins du sondage, la collaboration a été définie comme étant un vaste processus continu de partage d’information avec les membres de la communauté et de sollicitation de leur rétroaction dans le but de les faire participer au processus décisionnel.

Les 304 participants au sondage ont répondu à cette question. Leurs réponses sont présentées par ordre décroissant dans le tableau ci-après.

Certains répondants ont cité des champs d’activité ne figurant pas dans la liste prédéfinie : installations artistiques; utilisation d’installations culturelles; travail sur le terrain et recherche; allocutions publiques; renforcement des capacités, par exemple le recrutement et la participation au conseil d’administration. 15 répondants ont affirmé avoir des contacts limités, voire nuls, avec les communautés, les institutions ou les entités autochtones de leur région. Certains ont précisé qu’aucune communauté autochtone n’était présente dans leur région.

Question no 2 : Quelles sont les politiques, les pratiques ou les lignes directrices de votre institution en ce qui concerne la collaboration avec les communautés ou entités autochtones?

Pour cette question, nous avons reçu des réponses de 248 institutions non autochtones et de 10 institutions s’étant déclarées autochtones, soit 258 répondants au total.

Question no 3 : Que prévoit la politique de gestion ou de développement des collections de votre institution concernant les documents ou objets ou les questions autochtones?

Pour cette question, nous avons reçu des réponses de 233 institutions non autochtones et de 10 institutions s’étant déclarées autochtones, soit 243 répondants au total.

Question no 4 : À quel titre votre institution a-t-elle répondu ou répond-elle aux appels à l’action lancés par le Groupe de travail sur les musées et les Premières Nations en 1992 ou la Commission de vérité et réconciliation en 2015?

Pour cette question, nous avons reçu des réponses de 208 institutions non autochtones et de 8 institutions s’étant déclarées autochtones, soit 216 répondants au total. 

Mesures donnant suite aux cadres de réconciliation

Parmi les participants au sondage, 176 répondants ont affirmé avoir donné suite aux cadres de réconciliation.

Aucune mesure donnant suite aux cadres de réconciliation

39 répondants ont reconnu n’avoir pris aucune mesure particulière au sein de leur institution. Selon certains d’entre eux, les cadres de réconciliation ne s’appliquent pas au mandat de leur institution; il n’y a pas de données historiques leur donnant la certitude que des populations autochtones ont vécu dans leur région; leur institution n’entretient aucun lien avec les communautés autochtones voisines; elle n’a ni les ressources ni les connaissances voulues pour opérer un changement; ou elle ne connaît pas bien les cadres de réconciliation en général. Sur ces 39 répondants, 9 ont affirmé ne pas être au courant de l’existence du Rapport du Groupe de travail sur les musées et les Premières Nations.

Question no 5 : Quels sont les défis auxquels se heurte votre institution par rapport aux questions autochtones?

Pour cette question, nous avons reçu des réponses de 210 institutions non autochtones et de 10 institutions s’étant déclarées autochtones, soit 220 répondants au total.

Question no 6 : Quels types d’outils et de produits le Programme de réconciliation de l’AMC pourrait-il produire, qui seraient les plus bénéfiques pour votre institution en matière de réconciliation et de relations avec les peuples autochtones? 

Pour cette question, nous avons reçu des réponses de 186 institutions non autochtones et de 8 institutions s’étant déclarées autochtones, soit 194 répondants au total.  

PROCHAINES ÉTAPES 

Le sondage sera suivi d’autres possibilités de donner une rétroaction concernant le processus de l’AMC, notamment par l’entremise de consultations en ligne et en personne à la grandeur du pays visant à obtenir une orientation auprès des Aînés et des dépositaires du savoir culturel, d’entrevues auprès les leaders de musées, de cercles de discussion et de tables rondes ainsi que du recours à des professionnels des musées à la retraite pour tirer des leçons de leur expérience. L’AMC suit de près les conseils sur les déplacements et l’éloignement physique pendant la pandémie de COVID19 ainsi que l’incidence de cette crise sur les communautés autochtones. Les visites dans les institutions reprendront lorsque les déplacements seront possibles et que les contacts physiques avec les communautés autochtones seront bien accueillis.  

L’Association envisagera aussi d’effectuer des sondages plus approfondis et ciblés auprès de certains groupes de participants pour mieux comprendre la meilleure façon de susciter un changement positif au chapitre des politiques et des pratiques des musées contemporains. 

L’AMC tient à remercier le gouvernement du Canada pour le financement qu’il a accordé au Programme de réconciliation en vertu du Programme d’aide aux musées du ministère du Patrimoine canadien.