Les musées pendant la pandémie

Que se passera-t-il dans un mois? Il n’y a pas si longtemps, le travail était, dans une certaine mesure, prévisible et nous aurions pu répondre à cette question. Tandis que l’Association des musées canadiens (AMC) et nos partenaires provinciaux et territoriaux continuent de planifier l’avenir, nous nous efforçons de répondre efficacement aux dernières questions soulevées, et ce de la meilleure façon possible, afin d’appuyer nos membres et l’ensemble des musées du Canada.

Comme bon nombre d’entre vous, nous avons également déplacé nos activités vers des bureaux à domicile, mais nous continuons de trouver des façons d’être agiles et de réagir aux changements apportés aux politiques publiques, en soutenant les musées au cours de cette période grâce à un apport d’information et de ressources sur les fermetures, les réouvertures et l’adaptation à notre avenir commun. La plupart de ces documents sont mis à la disposition du public au moyen de liens sur le site Web de l’AMC, mais n’hésitez pas à consulter les ressources fournies par l’association des musées de votre région pour obtenir de plus amples renseignements. Nos collègues ont rapidement élaboré un bon nombre de ces documents en réponse aux annonces de réouverture afin d’aider le plus de gens possible.

L’AMC était prudent et optimiste et envisageait de reporter le Congrès national de l’AMC 2020 de Montréal à l’automne, mais nous, ainsi que notre conseil d’administration, avons pris la décision difficile, mais nécessaire, d’annuler l’événement pour 2020. Nous savons que nous ne sommes pas la seule association dans cette situation. C’est pourquoi qu’à mesure que nos plans collectifs en matière de congrès évoluent, nous partageons, mettons à l’essai et, dans de nombreux cas, réussissons à transmettre des connaissances numériques de même qu’à établir des partenariats et des collaborations. Nous espérons que vous en faites de même.

Sondages

De nombreuses associations muséales du pays réalisent des sondages pour recueillir des données sur la pandémie. Nous vous encourageons à répondre à ces sondages au fur et à mesure de leur mise en œuvre. Ces données constituent un élément essentiel pour créer du soutien au sein du secteur.

La situation évolue fréquemment et nous continuons de faire face à la pandémie. Par conséquent, il n’est pas possible d’en quantifier pleinement les répercussions sur les musées à l’heure actuelle et à l’avenir. Cela dit, à mesure que les associations muséales continuent de recueillir des données auprès de leurs membres, nous voulons vous donner une idée des renseignements que nous avons reçus jusqu’à maintenant. Ces chiffres ne sont qu’un aperçu des effets de la COVID-19 sur les musées au Canada et contribuent au travail de sensibilisation et de développement que nous accomplissons tous.

Perte de revenus

Dans l’ensemble des sondages, les musées canadiens ont déjà déclaré des millions de dollars en pertes de revenus attribuables à la fermeture des musées en raison de la pandémie de la COVID-19. Au Québec seulement, la perte de ventes de billets et d’autres revenus d’exploitation a entraîné des pertes de près de 7 millions de dollars. Si les fermetures se poursuivent au Québec jusqu’à la fin du mois de juin, on prévoit des pertes supplémentaires de 12 millions de dollars, soit près de 20 millions de dollars sur trois mois.

Dans les territoires du Yukon, dès le début du mois d’avril, les musées avaient déclaré l’annulation ou le report de près de 850 activités et indiqué des pertes de revenus totalisant 128 000 $. Environ 545 programmes publics et scolaires ont été annulés en Saskatchewan et en moyenne, les revenus ont baissé de 50 %, certains musées ayant même déclaré une perte de revenus de 100 %.

Les répondants au sondage mené par l’Alberta Museums Association ont indiqué des pertes totalisant plus de 460 000 $ à la mi-avril. Au Nouveau-Brunswick, plus de 155 activités et collectes de fonds ont été annulées. Pendant ce temps, les revenus en Ontario ont diminué d’environ 64 % pour le mois d’avril et 63 % des musées ont indiqué qu’ils perdraient tous leurs revenus pour le mois.

Les musées du Manitoba ont estimé leurs pertes de revenus à 750 000 $ pour une période semblable. Ils ont également répondu à un sondage concernant la perte d’heures de bénévolat, et ont déclaré que 7 000 heures ont été perdues à ce chapitre. À l’Île-du-Prince-Édouard (Î.-P.-É.), où de nombreux musées ne sont exploités que durant les mois d’été, on envisage de prolonger la saison, mais cela pourrait ne pas être possible, car les bénévoles sont moins disponibles lors de la reprise de la session scolaire à l’automne.

Dotation en personnel

L’un des principaux sujets abordés dans de nombreux sondages portait sur les défis en matière de ressources humaines. Des licenciements ont été signalés à l’échelle du pays, et l’on s’attend à ce qu’il y en ait encore davantage si les fermetures se poursuivent. En Saskatchewan, on estime que 140 postes pourraient être supprimés. Certains établissements ont ajouté que la mise à pied du personnel était la seule façon pour eux de demeurer opérationnels au-delà du très court terme.

L’embauche estivale, en particulier des étudiants, a également suscité des préoccupations, car de nombreux musées n’étaient pas certains de la façon dont ils devaient procéder concernant les stages d’étudiants et les bénévoles, ou s’ils seraient même en mesure de les accueillir. En Ontario, 68 % des répondants ont signalé des retards ou des annulations pour ce qui est des emplois d’été ou du personnel saisonnier.

Certains musées de la Nouvelle-Écosse ont déclaré qu’ils n’ouvriraient pas leurs portes pour l’été même si cela était permis, mais qu’ils ont plutôt choisi de profiter de l’occasion pour se concentrer sur des projets internes tout en respectant les lignes directrices sur la distanciation physique, ce qui comprend l’embauche d’étudiants.

Activités numériques

Certains sondages portaient également sur les besoins liés à l’augmentation des activités numériques des musées. Certains répondants ont souligné le besoin d’appui au veau du développement numérique; 80 % des musées du Nouveau-Brunswick ont indiqué qu’ils avaient accru leur présence dans les médias sociaux depuis le début des fermetures.

Les boîtes à outils numériques étaient l’un des trois principaux éléments jugés nécessaires par les répondants au sondage en Ontario; 52 % d’entre eux disposant déjà d’une stratégie numérique, et 13 % des répondants en train d’en concevoir une. Pendant ce temps, les musées ruraux qui ont répondu à la même question ont signalé des taux plus faibles de conception de stratégies numériques (39 %).

En Saskatchewan, ce printemps, le nombre de musées qui ont adopté une stratégie numérique ou qui y travaillent a augmenté de 21 %, passant de 28 % à 49 %. Entre-temps, à l’Île-du-Prince-Édouard, le manque de connaissances sur la stratégie numérique a empêché de nombreux musées de mettre au point de nouveaux programmes publics pendant la pandémie.

La liste des musées virtuels de l’AMC, Musées à la maison, présente plus de 50 expositions virtuelles, dont la plupart ont été conçues en réponse à la pandémie.

Veuillez noter que cet article s’appuie sur des données issues de sondages liés au premier mois environ de la pandémie, afin que les lecteurs puissent avoir une idée de la base de référence de l’effet précoce de la pandémie sur les musées. Au fur et à mesure de l’évolution de la situation, les résultats et les répercussions de cette dernière continueront de changer. Nous espérons vous présenter d’autres mises à jour au cours des prochains mois, à mesure que les données seront disponibles.